

L’art de faire parler les arbres : interview de Stéphane Harter
De la photographie au végétal, Stéphane Harter a suivi un chemin guidé par la rencontre et l’émotion. Aujourd’hui, à la tête du service Recherche & Développement de la Direction Écologie & Nature de Nancy, il imagine des jardins et des projets où l’art devient passerelle vers la nature. Pour lui, chaque installation est une histoire à partager, chaque arbre une invitation à changer notre regard sur le vivant. Entre création artistique, sensibilisation écologique et engagement collectif, il raconte son parcours et sa vision.
Interview - La Voix des Bois #1
De la photographie à l’écologie
Stéphane Harter (Photo tirée du site l'Est Républicain)

Avant de devenir chef du service Recherche & Développement de la Direction Écologie & Nature de Nancy, Stéphane Harter a passé plus de vingt ans derrière un appareil photo. Photojournaliste, il a couvert des sujets sociaux et environnementaux, souvent au plus près de ceux qui travaillent avec la nature : bûcherons, forestiers, agriculteurs.
Stéphane n’était pas destiné au départ à l’horticulture. Mais l’arbre a toujours été présent dans sa vie. Son grand-père lui apprenait à planter, à se promener en forêt, à observer.
Depuis quinze ans, il apprend au contact de ses collègues de la Direction Écologie et Nature, en botanique comme en horticulture. Sa démarche est celle d’un autodidacte passionné, qui a su transformer un regard d’artiste en moteur de projets collectifs.
« À un moment, je n’ai plus voulu seulement observer, mais agir. »
Ces rencontres l’ont conduit à changer de voie : quitter le journalisme pour agir autrement, en mettant sa créativité et son regard artistique au service de l’écologie urbaine.
« J’ai vu des hommes et des femmes déjà bouleversés par les changements climatiques. Ça m’a profondément marqué. »
Le Jardin Éphémère, une histoire à ciel ouvert
« Ici, la nature est partout. Dans les jardins, bien sûr, mais aussi dans les façades, les vitraux, les objets du quotidien. Les habitants grandissent avec ce langage végétal. »
En 2025, le thème de l’Art déco, proposé dans le cadre de l’année
« Métro Folie », fait écho à l’histoire artistique de Nancy, toujours en dialogue avec le végétal, fil conducteur de toutes les éditions.
Cette approche s'inscrit naturellement à Nancy, ville profondément marquée par la nature. Première école forestière de France, parcs où cohabitent des essences venues du monde entier, héritage de l’Art nouveau…
Nancy, une ville façonnée par le végétal
La crosse de fougère, les graines photographiées par Karl Blossfeldt, l’Art déco ou encore les installations collectives nourrissent ce laboratoire de création. Tout est conçu pour susciter la curiosité, l’émerveillement, et amener doucement à réfléchir à notre lien au vivant.
« Pour accrocher le regard, on passe d’abord par l’esthétique. Mais derrière chaque forme, il y a une histoire à raconter. »
C’est dans ce terreau que s’enracinent les projets de son équipe, toujours pensés comme des passerelles entre esthétique et écologie.
À Nancy, son terrain de jeu est vaste. Chaque automne, la place Stanislas se métamorphose avec le Jardin Éphémère. Pour Stéphane Harter, ce n’est pas un simple décor végétal mais un récit grandeur nature.
Imaginé et mis en œuvre par Stéphane et les équipes de la Direction Écologie & Nature de Nancy, qui s'entourent de nombreux partenaires (AgroParisTech, INRAE, Union des industries et métiers de la métallurgie, qui a notamment fabriqué le spectaculaire « Cœur de Cornus » cette année), le Jardin Éphémère est un projet profondément collectif. Des étudiants y participent aussi, en relevant chaque année des défis de modélisation 3D.
Son travail, et celui de son équipe, traduit une conviction forte : la nature n’est pas seulement un sujet scientifique ou esthétique, c’est aussi un levier pour recréer du lien social et émotionnel.
En filigrane, une même ambition guide ses projets : raconter des histoires avec les arbres pour que chacun, à sa manière, s’en sente plus proche.
Le végétal, une invitation à la rencontre
« L’écologie, ce n’est pas seulement protéger les arbres. C’est recréer du lien entre les gens et le vivant. »
Sensibiliser autrement, par l’émotion et l’innovation
Pour Stéphane Harter, faire aimer le végétal passe par des détours inattendus. Un QR code sur un arbre, une installation artistique, une performance collective : autant de façons de toucher celles et ceux qui ne viendraient pas spontanément à la nature.
Au-delà du Jardin Éphémère, d’autres projets prolongent cette mission : le festival Embranchement, les ateliers citoyens ou encore les « Mardis aux serres », où habitants et agents municipaux jardinent ensemble.
« Si quelqu’un repart en regardant un arbre autrement, avec une émotion ou une envie nouvelle, alors on a réussi. »
Le jardin éphémère au fil des années


Le Jardin Éphémère revient sur la place Stanislas pour sa 22e édition
Du 3 octobre au 2 novembre 2025, la place Stanislas se transforme en un écrin de verdure avec le Jardin Éphémère. Véritable laboratoire de création, cet événement unique mêle art, nature et design pour offrir aux visiteurs une expérience sensorielle et poétique au cœur de la ville.
Imaginé par Stéphane Harter, chef du service Recherche & Développement et les équipes de la Direction Écologie & Nature de Nancy ainsi qu'une trentaine de partenaires, ce jardin n’est pas qu’un décor : c’est une invitation à découvrir autrement le végétal et à poser un nouveau regard sur la nature en ville.
Ne manquez pas ce rendez-vous incontournable de l’automne nancéien, où chaque pas raconte une histoire, et chaque plante devient matière à émerveillement.

