

À l’écoute du vivant : le regard de Cyril Galley
Depuis vingt ans, Cyril Galley dirige le CPIE Nancy-Champenoux, un lieu vivant où la forêt, la science et les habitants se rencontrent. Menuisier de formation, il a fait de la médiation et de la pédagogie un engagement quotidien. Avec son équipe, il œuvre à transmettre le goût du concret, la curiosité du vivant et la conviction que chacun peut bâtir sa propre vision de la nature.
Interview - La Voix des Bois #2
Un parcours guidé par l’arbre
Avant de devenir un passeur entre la forêt et les citoyens, Cyril Galley s’est d’abord formé à la matière bois.
« J’ai d’abord étudié l’ébénisterie. J’étais destiné à travailler dans une entreprise, à façonner le bois, à le transformer. »
Mais derrière ce savoir-faire artisanal, il y avait déjà une attirance plus profonde — non pas pour la matière inerte, mais pour l’arbre vivant, pour la forêt.
Ce lien, justement, l’a conduit à quitter les ateliers pour le plein air. Il rejoint alors le CPIE Nancy-Champenoux, il y a une vingtaine d’années, avec l’envie d’être sur le terrain, au contact du vivant et des gens. Là, il découvre un espace où il peut relier deux mondes : celui de la forêt et celui de la connaissance partagée.
Au fil du temps, sa passion pour la médiation se renforce. Après un master en foresterie à AgroParisTech, il s’investit pleinement dans cette mission de passeur entre la recherche et les citoyens, notamment à travers l’arboretum d’Amance, devenu pour lui un véritable laboratoire à ciel ouvert.

Cyril Galley, Directeur du CPIE Nancy Champenoux
« Ce que j’aime, c’est cette connexion à la fois avec le vivant et avec les gens. Faire découvrir la forêt, permettre à chacun de mieux la comprendre… »


Des actions concrètes, sur le terrain
Une mission urgente, alors que de récentes études montrent qu’en France, 40 % des enfants de 3 à 10 ans ne jouent jamais dehors.
« Il faut leur redonner l’occasion de sortir, de toucher, d’observer, de sentir. Rien ne remplace le contact direct. »
Cyril Galley souligne aussi l’importance du concret :
« On parle souvent du changement climatique de manière abstraite. Mais quand un élève mesure lui-même la température dans sa cour ou observe une forêt qui change, ça devient réel. »
Une mission de médiation entre nature et société
Le CPIE Nancy-Champenoux a été cofondé avec l’INRAE, et son ancrage scientifique demeure fort.
Mais au cœur de ses actions, il y a la pédagogie.
« Notre rôle, c’est de rendre accessibles les connaissances, d’aider les citoyens à devenir acteurs de la transition écologique, explique-t-il. Et surtout de retisser un lien réel avec la nature, notamment chez les enfants. »
Dans les écoles, les parcs, les forêts, les équipes du CPIE multiplient les expériences :
diagnostiquer l’eau d’une cour d’école, comprendre le parcours d’une goutte depuis le robinet jusqu’à la rivière, observer les sols, ou encore
« vivre une journée de forestier » aux côtés de l’ONF.
« On travaille toujours dans la co-construction, avec les enseignants, les chercheurs, les acteurs du territoire. C’est ce qui donne du sens. »
L’art, la science et la forêt comme langage commun
​Dernier exemple en date : l’exposition Racina, créée avec la plasticienne Charlotte Rodon et des chercheurs de l’INRAE.
« Les visiteurs ont été marqués par la puissance des œuvres, installées dans la forêt. Le lieu lui-même faisait partie du message. »
« L’art ouvre d’autres portes, dit-il. Certaines personnes viennent pour la beauté d’une œuvre et repartent avec une nouvelle conscience du vivant. »
Depuis ses débuts, le CPIE mêle art et environnement.
Concerts de percussions venus des quatre coins du monde au milieu des arbres, résidences d’artistes, expositions sur les sols ou la biodiversité : autant d’occasions d’aborder les grands enjeux écologiques par la sensibilité.
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​Une aventure collective
Cyril insiste sur la force du collectif : partenaires, associations, chercheurs, élus, bénévoles…
« On avance ensemble. C’est ce travail à plusieurs voix qui permet d’être crédibles, de faire bouger les choses. »
​« Chacun trouve sa place. Certains animent, d’autres plantent, d’autres encore mettent en page nos rapports. C’est cette diversité qui fait la richesse du CPIE. »
Exposition Racina à l'Arboretum d'Amance par Charlotte Rodon

Les bénévoles occupent d’ailleurs une place essentielle : accompagnement d’événements, entretien de l’arboretum, participation à la communication…
Regarder loin, agir près
Alors que les défis environnementaux s’intensifient, Cyril Galley garde le cap :
« Il faut continuer, même si c’est parfois décourageant. Ce qui nous anime, c’est la passion et la conviction que chaque action compte. »
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Pour lui, La Voie des Bois s’inscrit pleinement dans cette philosophie :
« Ce média permet de croiser les regards, de montrer la complexité du monde forestier sans la simplifier. Il relie les acteurs, les citoyens, les chercheurs. »
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Mais il y voit aussi une démarche plus profonde :
« L’idée n’est pas de donner une vérité unique, mais d’apporter des éléments de connaissance pour que chacun puisse bâtir sa propre vision, sa propre compréhension du vivant. »
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Une façon, finalement, de prolonger la mission du CPIE : éveiller la curiosité, transmettre, et redonner à chacun le goût d’explorer la nature par lui-même.
« L’essentiel, c’est de garder cette envie d’apprendre du monde qui nous entoure. Parce qu’en le connaissant mieux, on apprend aussi à le respecter. »
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Devenez acteur de la nature
avec le CPIE Nancy-Champenoux

Et si vous transformiez vos moments libres en expériences qui font grandir la forêt… et les esprits ?
Le CPIE Nancy-Champenoux ouvre ses portes aux bénévoles pour participer aux animations, explorer et entretenir l’arboretum, ou guider petits et grands dans la découverte du vivant.
Chaque geste, chaque curiosité partagée contribue à faire rayonner la nature et à rapprocher les hommes de leur environnement.
